Film Cinestill Dynamic 400 pour affirmer l'authenticité de son écriture photographique et révéler la beauté visuelle en toute bienveillance.
Un jour, aux Ateliers-Marinette, j'ai acheté un roll-film de 120 : un Cinestill 800. Sur le site de Marinette, ils le décrivent ainsi : "Le film Cinestill Dynamic 400 est un film cinéma à grain fin avec une balance adaptée à la lumière du jour. Les couleurs sont douces, la saturation naturelle et le rendu des peaux chaud. Il est possible d'utiliser le film entre 200 et 800 sans traitement poussé et jusqu'à 3200 avec traitement poussé."
Ecrire avec la lumière sur un support adapté à la lumière du jour
Tout photographe diplômé devait être apte à faire la différence entre la lumière du jour et la lumière tungstène. Cette question était quasiment incontournable lors de l'examen théorique. De nos jours les jeunes photographes digitaux font des prouesses avec leur balance automatique des blancs, et n'ont jamais entendu parler de thermocolorimètre, de spectromètre; le smartphone propose toutes ces applications paraît-t-il.
Digitalement parlant on dira que le Cinéstill Dynamic 400 est un film lumière du jour avec une balance des blancs étalonnée à 5600 degrés Kelvin. Cela tombe bien, je comptais utiliser des éclairages de chez K5600 lightning qui sont calibrés en lumière du jour. Donc on est tout à fait raccord.
La prise de vue numérique étalonnée en lumière du jour
Comme je suis en mesure de faire de la prise de vue numérique et argentique avec le même appareil photo moyen format, j'ai donc commencé à shooter en numérique en mode connecté pour avoir le retour écran directement sur l'ordinateur. Il est plus facile et plus rapide de juger sur écran que sur un film à développement instantané et d'apporter les modifications nécessaires de l'éclairage.
En temps que photographe numérique je reste assez neutre sur le traitement de mes images en post production. Je paramètre au plus juste ma balance des blancs afin de ne pas dénaturer la chromie. C'est primordial quand on shoot pour un catalogue de PAP où il faut restituer de façon ultra précise les coloris des vêtements. Pour le reste, je me charge d'ajuster la luminosité et le contraste puis la saturation des couleurs pour avoir un bel équilibre.
Même s'il existe des effets de styles applicables en post production sur Capture one, je me contente de rajouter un peu d'effet grain argentique pour casser l'aspect trop lisse du numérique. Cela amène plus de douceur et c'est appréciable sur une prise de vue de personnages. Un logiciel comme le DXO film pack permettra de donner un aspect argentique. Il dispose de plusieurs références de films argentiques et les restitue plutôt bien sur des images digitales. Il permet d'améliorer la cohérence des images numériques au sein d'une série contenant des images argentiques dans une série. Le grain et la chromie sont plutôt bien restitués; cependant sur certaines images numériques il faudra sans doute atténuer la netteté. Si le photographe digital dispose d'optiques haut de gamme le piqué d'une image numérique sera chirurgical. Au début des années 2000 les premiers équipements numériques haut de gamme avaient provoqué la stupeur des photographes et la hantise des retoucheurs. Il était désormais possible de rendre visible des détails qui étaient jusque là invisible sur la pellicule comme à l'oeil nu. Le mouvement de la photographie ultra réaliste était lancé. La tendance actuelel tend à vouloir donner des effets visuels argentiques aux images, car la course aux millions de pixels semble s'essouffler. Dans un souci d'authenticité, retourner vers les fondamentaux de la photographie est quelque chose de louable, pour révéler la beauté, la verité dans un esprit de bienveillance artistique.
La beauté et l'authenticité d'une prise de vue argentique avec une pellicule de caractère, c'est vraiment bon.
Du temps de l'argentique , la restitution fidèle des couleurs était une priorité des fabricants de films. L'ekta a toujours été la référence en la matière, mais les films négatifs couleurs n'étaient pas en reste. Par exemple pour Kodak et sa gamme des Portra 160 et 400, le grain est tellement fin que l'on peut obtenir des rendus très similaires au numérique, comme je le mentionnais dans ce post. Bien sûr la gestion des flous se comporte différemment sur une pellicule qu'un capteur numérique.
L' intérêt de doubler cette prise de vue en argentique c'est de la décliner avec un style plus authentique que ceux que l'on peut trouver dans le catalogue de style de Capture one. j'ai choisi le Cinéstill 400Dynamic. De plus comme la couche anti halo de cette pellicule a été supprimée, l'effet de contre jour sur le dos du modèle se trouve renforcé. L'effet du grain argentique renforcé par un développement home-made permet d'avoir un rendu de peau doux et lumineux. Exactement comme mentionné dans la notice.
Le mot de la fin pour l'ingénieur scannériste :
Si vous avez lu mes précédents post concernant les ingénieurs scannéristes, vous savez que les photograveurs ont horreur de scanner du négatif couleur, à cause de son interprétabilité. Et surtout ce masque orange qui peut se densifier en cas de traitement poussé.
Ceci dit avec un bon logiciel de scanneriste comme Vuescan, les films les plus connus sont référencés, et permettent de compenser les difficultés évoquées précédemment. Comme le Cinéstill 400Dynamic n'est pas réferencé, en choisissant un profil générique, une dominante verte aura tendance à apparaître; il faudra la neutraliser en post prod.
Ceci dit les films Cinéstill sont rebelles; ils ont tendance à s'incurver dans le passe-vue, causant des pertes de netteté partielle, si l'on ne dispose pas d'un passe-vue à plaques de verre.
Le résultat est à la hauteur de mes espérances. Shooter avec du film cinestill c'est rock'n roll mais comme dit la chanson :
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