L’intérêt de débattre entre photographes sur divers sujets lors des apéro-photo.
Dans un café-gallery-studio se déroulait un apéro-photo ou plusieurs photographes présentaient leur portfolio sur vidéo projecteur dans le but de décrocher une exposition. Pour clôturer la présentation des diaporamas de présentation de portfolio, un pot de l'amitié avait lieu. Un photographe plasticien y était à l'honneur lors de cette projection. La majeure partie de son travai était réalisé à l'Instax. Etant moi aussi utilisateur de film à développement instantané je décidai d'engager la conversation.
L'intérêt de réaliser des portraits sur film à développement instantané Instax square
« j'adore mon Instax, grâce à lui je réalise des portraits uniques, à la manière d'Andy Wharol… Chaque exemplaire est unique et vaudra une fortune quand je serai célèbre." Dit-il fièrement en arborant son Fuji Instax square sq6 square en bandoulière tel un acessoire de mode.
"Alors là je ne vois pas l'intérêt, quand on dispose de 60 MP comme mon dernier APN que retire-t-on comme satisfaction d'avoir une toute petite photo 6/6 cm à peine nette" S'exclama le photographe digital en quête de pure perfection.
"J'apprécie utiliser l'Instax square avec le dos HVSQ V2 sur mon moyen format. Cela me rappelle ma jeunesse durant laquelle j'ai utilisé beaucoup de FP-100C. J'aime utiliser ces mini épreuves dans mon scrap-book pour illustrer mes schémas d'éclairage dans l'esprit behind the scene. De plus les modèles apprécient beaucoup la magie du film à développement instantané et adorent repartir avec quelques uns de ces instantanés après le shooting. Le rendu granuleux est exploitable tel quel et ne nécessite pas de retouches. Je vous invite à visiter mon blog, j'ai écrit un article à ce sujet" répondis-je tranquillement
L'intérêt de réaliser des portraits sur film négatif couleur
"Pour continuer dans l'esprit argentique, j'adore shooter un roll-film de 120 dans mon moyen format 6/6. En noir&blanc le moyen format c'est magnifique...mais aussi en négatif couleur, le rendu plus doux qu'en numérique, tout en conservant un bon piqué. Les transitions entre le flou et le net se font de façon plus progressive et harmonieuse, surtout en moyen format ou la profondeur de champ est plus réduite. » expliquais-je tel un conférencier de master class.
« Moi aussi, j ai acheté un vieux 24*36 à la foire de Bièvre. Je m'en sers pour faire de la photographie atmosphérique. Je ne suis pas encore trop à l'aise avec les réglages tout manuel, je l'utilise surtout avec des Lomochrome, j'adore la purple» renchérit le photographe plasticien.
« Moi, je ne vois pas l'intérêt, les pellicules et le développement c'est trop cher; pourquoi se limiter à 36 poses alors qu'avec ma carte SD 128 GO je peux shooter quasiment en illimité" répondit notre geek du numérique.
L'intérêt de réaliser des portraits avec un capteur numérique
"Un appareil photo ce n'est pas une super Nintendo...j'ai aussi un APN, je m'en sers pour préparer mes projets artistiques...pour moi l'art numérique n'a aucune valeur artistique étant donné que c'est duplicable à l'infini." Lança comme une pique le plasticien en réponse au geek.
"Puriste...c'est avec ce genre de comportement que le marché de l'art numérique évolue si lentement. Moi je fait des centaines de photos, je fais des montages avec photoshop afin d'obtenir une photo à la pure perfection et en plus avec l'IA je n'ai plus de limites" rétorqua le geek légerement en colère
"Personnellement, je suis un puriste du moyen format. Avec un dos numérique le moyen format donne une autre dimension aux photos digitales grâce à un capteur de grande taille. Avec un oeil exercé, nul besoin de faire des centaines de photos...qu'importe le support photographique, ce qui compte c'est l'oeil du photographe" dis-je comme mot de la fin pour clore le débat.
Autre alternative : débattre entre photographes de divers sujet sur des forums photographique en ligne.
Comme dans le monde réel, dans le monde virtuel, on retrouve les grands principes d'échanges et de partages en toute bienveillance. Les apéros photos restent quand même plus spontanés et conviviaux dans les échanges. Parfois virulent mais toujours bon enfant comme relaté précédemment. De parler en présentiel, c'est bien, montrer son travail photographique finalisé sur un support physique c'est encore mieux. Rien de tel que de participer à une lecture de portfolio. Trop de virtualisation a tendance à isoler le photographe et de le couper de son lien social. Le piège des réseaux sociaux lui donnera l'illusion d'être connecté à une réalité déformée et Il se retrouvera intégré à son insu dans une matrice virtuelle. De nos jours l'IA pervertit la création photographique. L'humain délègue de plus en plus à cette IA, par facilité et aussi paresse intellectuelle. Il est important parfois de revenir aux fondamentaux de la photographie argentique, pour se mettre à l'épreuve et ne pas se couper de la source des connaissances et du savoir faire photographique. Tomber dans l'abîme de la matrice et du piège du tout virtualisé empêche au photographe-auteur de se révéler et de développer son génie créatif.
Je terminerai par une citation inscrite sur le fronton du palais idéal du facteur Cheval :
"À la source de la vie j'ai puisé mon génie"
Joseph Ferdinand Cheval (1836-1924)
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