Comment des erreurs de manipulation en photographie peuvent donner un résultat artistique intéressant ?
Je vous parle d'une époque de plus de 20 ans où la photographie analogique était encore le standard dans le monde de la photographie professionnelle. Si de nos jours, l'argentique revêt un aspect ludique, artistique, pédagogique et expérimental, Il n'en a pas été toujours ainsi concernant le travail des photographes professionnels analogiques. Ce support pour arriver à l'épreuve finale est semé d'embûches. De la mise en place de la pellicule dans l'appareil photo jusque au développement du film, de nombreux accidents photographiques peuvent se produire.
Déterminer d’où vient l’erreur pour transformer un accident photographique analogique en art
De nombreuses erreurs de manipulations peuvent se produire lors de la prise de vue, provoquant ainsi l'accident photographique à la prise de vue comme : Des pellicules mal conditionnées ou périmées, un mauvais chargement de film dans l'appareil, une mauvaise exposition du film, des surimpressions involontaires, un voilage complet ou partiel, une exposition aux rayons X...etc.
Erreur de manipulations lors de la prise de vue
En redoublant de vigilance pour assurer techniquement sa prise de vue argentique, rien n'est acquis tant que le film n'est pas entièrement développé. Même l'acheminement vers le processus de développement comporte des risques (haute température, voilages, rayons X...) Que l'on effectue le développement soi-même ou que l'on confie les films à un labo, là encore de nombreux accidents peuvent se produire : Voilage, problème de chimie, film physiquement endommagé.
Erreurs dans le processus de développement
Voici à peu près tous les cas de figures auxquels le photographe professionnel travaillant en argentique pouvait être confronté lors d'un travail pour un client. L'astuce pour sécuriser sa prise de vue lors du développement, surtout en nature morte spécifiquement à la chambre avec de l'ekta, c'est de doubler sa prise de vue, et ainsi de pouvoir apporter des corrections de développement si nécessaires sur le plan film en attente de développement. Il est également possible de reproduire cette méthode avec des des films 120. C'est un peu plus contraignant à réaliser avec du 135 où l'on préférera effectuer une bande test sur les premières vues de la pellicule qu'il faudra sacrifier. Ces méthodes s'appliquent principalement plus à de la prise de vue en studio qu'au reportage et spécifiquemenent pour un traitement E-6. Dans le cas du négatif couleur ou noir et blanc celui-ci dispose de plus de souplesse grâce à sa bonne latitude de pose. Cela ne les empêchent pas d'être sujets aux accidents photographiques.
Doubler les prises de vue pour apporter des corrections de développement
Mais il arrive parfois que le hasard fasse bien les choses. Un accident photographique peut parfois donner des résultats artistiques interessants. Ce que je vais démontrer en images avec deux exemples pour illustrer ce concept.
Effectuer une bande test qui sera sacrifiée
Un bel exemple d'accident photographique lors de la phase de développement : Lors de la mise en boîte, le film a subi un voilage partiel sur la dernière vue. Qu'à cela ne tienne on le développera quand même. Par chance il s'agissait d'un film expérimental de Lomography, le fameux Lomochrome purple dont j'ai pu vous parler lors d'un post précédent. "Quelle belle voile!!! C'est très artistique, j'aime beaucoup" S'exclama Mégane lors de l'editing. Je précise que Mégane est étudiante stagiaire assistante en scénographie, comme j'ai déjà pu le mentionner dans le post précédent et qu'il fallait dire "Quel beau voile"
Réaliser une prise de vue artistique avec un voilage partiel
En temps que Coach en photographie appliquée je développe le concept d'accident photographique controlé en expliquant à Mégane que : "Grâce à cet accident photographique, il est tout à fait possible de le reproduire dans des conditions plus ou moins contrôlées en provoquant l'accident, comme ouvrir brièvement son boitier 24*36 avant de rembobiner le film afin de créer un voilage".
Donner une ambiance irréaliste grâce à la surimpression
Plus le matériel photographique est rudimentaire, plus le risque d'accident photographique est grand. C'est ainsi que par un moment d'inattention j'ai obtenu une surimpression involontaire. "Cubiste et surréaliste à tendance fantomatique, j'aime beaucoup !!!" Commenta Mégane cette fois ci en examinant la planche contact.
"Exactement la surimpression peut être controlée ou aléatoire. En mode controlé on peut travailler avec un calque placé sur le dépoli de l'appareil afin d'assembler deux images avec précision sur la même vue en réarmant l'obturateur sans avancer le film, pour ce faire, l'appareil doit être pourvu du mode surimpression." lui expliquai-je.
"Mais c'est dingue ça c'est comme Photoshop mais à la prise de vue! Et pour la surimpression aléatoire???" demanda elle.
"La surimpression aléatoire est celle qui donne des résultats les plus inattendus, l'exercice le plus amusant est d'exposer 2 fois le même film 24*36, nul besoin d'avoir un appareil avec la fonction surimpression." Finissais-je par conclure mon récit sur les accidents photographiques.
Pour conclure ce post, j'en suis arrivé à constater que les APN et leur haute technologie embarqués, allant du capteur stabilisé avec l'autofocus ultra véloce le tout agrémenté d'une mesure matricielle 3D de l'exposition avec IA de série. Que le photographe soit pro ou amateur, avec une telle technologie embarquée, il est quasiment impossible de rater ses photos donc de ce fait d'obtenir des accidents photographiques...Sauf peut être la panne de batterie. C'est sans doute pour cela que les galeries d'art photographique conceptuel à tendances minimalistes raffolent tant de tirages agrémentés d'accidents photographiques. La photographie argentique est tout à fait adaptée à ce genre de performances. Le rendu est d'autant plus naturel et spontané qu'un pseudo effet accidentel trop propre et trop controlé en post-production numérique. Je termine par une petite citation :
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